Le gardien belge du Real Madrid, Thibaut Courtois, a pris la parole pour répondre aux déclarations polémiques du président du FC Barcelone, Joan Laporta, qui avait récemment évoqué une supposée influence du Real sur les arbitres de la Liga, qualifiée par certains de « main blanche ». Ces propos, prononcés à la suite du licenciement de l’entraîneur catalan Hans-Dieter Flick après la défaite contre Gérone (2-1), ont immédiatement suscité des réactions dans le monde du football espagnol.
Laporta, irrité par les performances irrégulières de son équipe et par les décisions arbitrales récentes, avait laissé entendre que le Real Madrid bénéficierait d’un certain « traitement de faveur » au sein du championnat. Une déclaration qui n’a pas laissé Courtois indifférent. « Laporta a dit cela parce qu’il est obligé de tenir ce genre de propos compte tenu de l’affaire Negreira. Je n’ai jamais vu les arbitres aider le Real Madrid, bien au contraire », a répliqué le gardien dans un entretien accordé au journal AS. Le Belge a tenu à défendre l’intégrité de son club et celle des arbitres espagnols, tout en renvoyant subtilement le FC Barcelone à ses propres problèmes internes.
L’allusion de Courtois à l’affaire Negreira n’est pas anodine. Ce scandale, qui éclabousse le FC Barcelone depuis plusieurs années, concerne des paiements suspects effectués à José María Enríquez Negreira, ancien vice-président de la commission technique des arbitres espagnols. Selon les enquêteurs, entre 2001 et 2018, le club catalan aurait versé plus de 7,5 millions d’euros à des sociétés appartenant à Negreira, officiellement pour des « rapports techniques » sur les arbitres. Ces révélations ont profondément ébranlé la réputation du FC Barcelone, provoquant un choc dans le monde du football. Même si le club a nié toute tentative de corruption, affirmant que ces paiements relevaient de simples services de conseil, l’affaire continue de ternir son image.
En mentionnant cette affaire, Courtois souligne la contradiction morale dans les propos de Laporta. Pour lui, il est absurde que le président d’un club encore sous le feu des accusations de favoritisme se permette d’accuser un autre club d’influence arbitraire. « Les arbitres sont humains et ils peuvent aussi commettre des erreurs. Je ne pense pas que leurs erreurs aient été à notre avantage », a ajouté le portier belge.
Cette phrase illustre bien la position du Real Madrid : le club se considère victime, et non bénéficiaire, des aléas de l’arbitrage. Courtois, fidèle à son franc-parler, a voulu clore le débat en rappelant que les erreurs font partie du football, mais qu’elles ne peuvent pas être interprétées comme des conspirations.L’échange à distance entre Laporta et Courtois ne fait que raviver la flamme d’une rivalité historique entre le Real Madrid et le FC Barcelone. Cependant, ce nouveau chapitre prend une dimension plus institutionnelle et politique qu’à l’accoutumée.
Traditionnellement, la rivalité entre les deux géants espagnols s’exprime sur le terrain — à travers les Clásicos mémorables, les titres, les stars et les records. Mais depuis l’affaire Negreira, le conflit s’est déplacé sur un autre plan : celui de la crédibilité, de l’éthique et de l’image publique. Laporta, sous pression après une série de résultats décevants et le départ controversé de Flick, semble utiliser cette rhétorique pour rallier les supporters catalans autour d’un discours anti-Madridiste classique : celui d’un Real favorisé par les instances et protégé par la presse.
Thibaut Courtois, souvent perçu comme un joueur réfléchi et mesuré, a pris une place particulière au sein du vestiaire madrilène depuis son arrivée en 2018. Vainqueur de la Ligue des Champions 2022, il s’est imposé non seulement comme l’un des meilleurs gardiens du monde, mais aussi comme un leader moral dans une équipe composée de grandes stars. Ses prises de parole sont rares, mais toujours pesées. Dans ce cas précis, ses mots traduisent un double objectif : protéger le Real Madrid des accusations extérieures tout en désamorçant une polémique grandissante.
En interne, les dirigeants madrilènes apprécient sa maturité et son sens du devoir. Selon plusieurs sources proches du club, Courtois aurait rappelé à ses coéquipiers l’importance de ne pas répondre aux provocations et de se concentrer sur les résultats sportifs. Cette attitude s’inscrit dans la continuité de la stratégie du Real Madrid sous la présidence de Florentino Pérez : éviter les conflits publics, se montrer au-dessus des querelles, et laisser le terrain décider.
